Tranquille fin d'après midi dans le parc || Heather ||

A Lashlabask, une fois que l’année avait commencé, pour beaucoup d’élèves, les jours passaient et se ressemblaient. Pour Heather, ce n’était vrai qu’en partie. Les cours, les devoirs et les examens c’était une routine qui s’installait, mais qui avec elle, ne durait pas bien longtemps. Elle trouvait toujours des petites distractions qui rendaient la vie au château beaucoup plus intéressante. Quels genres de distractions ? Celle que les Serpentard apprécie, que les professeurs essayent d’éviter, et que les trois autres maisons de Poudlard subissent. Je suppose que vous avez compris, Heather prenait plaisir à faire à ses camarades ce qu’elle, elle détesterait qu’on lui fasse. Vous connaissez le proverbe ? Et bien dans le cas de la jeune fille, elle le connaissait, mais n’en tenait pas rigueur. Après tout, qui oserait s’attaquer à elle ? Personne. Au fil de ses années à Lashlabask, la Serpentard s’était faite une réputation et dans le château, des premières aux septièmes années, tout le monde, ou presque avait entendu parler d’elle. Chacun savait qu’il valait mieux la laisser tranquille et marcher le plus loin possible d’elle car si l’envie lui prenait de sortir sa baguette, vous étiez sûr de ne pas faire long feu. Mais dans le cas d’aujourd’hui, la première année de Gryffondor qui l’avait bousculé n’avait pas l’air au courant. Heather l’avait envoyé cogner contre le mur opposé et elle l’avait laissé suspendue par les pieds pendant un certains temps. Elle l’avait finalement abandonné pour se rendre dans le parc. Elle n’allait tout de même pas modifier ses projets pour une rouge et or non ? Effectivement, ça aurait été trop bête.

Heather passa donc la grande porte de chêne et elle se retrouva dehors, sur les marches de pierre du château. Elle quittait tout juste son cours de défense contre les forces du mal, et comme à son habitude, elle avait réussi avec facilité ce qu’on lui demandait. Cette matière était très importante aux yeux de la Serpentard. Mais elle ne savait pas encore de quelle façon elle s’en servirait. Pour défendre les forces du mal ou alors pour au contraire, les apprivoiser ? C’était une question qui trottait sans cesse dans son esprit, mais à laquelle elle ne trouvait pas encore de réponse. Elle avait hâte de savoir ce que ferait Lady Smethley au cours de l’année, hâte d’apprendre certains projets de l’ordre du Phoenix et même si elle se le cachait, dans le fond, elle avait hâte de connaître le choix de ses parents. Quoique, elle avait déjà une petite idée sur le sujet. Vous voyez la famille Berkeley se ranger auprès des sang-de-bourbes ? Certainement pas. Et quelque chose disait à la Serpentard que leur brusque changement de comportement cet été avait un lien avec le choix qu’ils avaient fait. Elle n’en était pas certaine, mais elle ne voyait pas autre chose. Mais de toute façon, elle s’en moquait. Ils faisaient ce qu’ils voulaient. Elle ne leur devait rien et elle était loin d’être obligé de prendre le même chemin qu’eux.

Dehors, presque aucun nuage ne venait troubler la beauté du ciel bleu, et le soleil, sur le point de se coucher, brillait toujours, apportant avec lui chaleur et réconfort. Réconfort ? C’était bon pour les imbéciles, pour Heather, le temps importait peu. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il grêle ou que le soleil soit le seul présent, ça ne changeait rien car de toute façon, ça n’avait aucun effet sur elle. Ses choix ne se faisaient pas en fonction du temps, mais en fonction de ses envies. Et là, le soleil était présent mais il aurait très bien pu en être autrement, elle aurait fait la même chose, une promenade dans le parc. Elle marchait sur l’un des petits chemins, plus précisément celui qui menait à la forêt interdite. Pourquoi ? Parce que l’interdiction ça passionnait Heather. Lui défendre de se rendre quelque part ou de faire quelque chose, c’était la pousser à le faire. C’est en partie pour cela que la forêt interdite avait eu droit à de nombreuses visites de sa part. Elle observa les grands arbres un peu plus loin. Elle aimait se retrouver au milieu d’eux. D’ailleurs, il faudrait qu’elle pense à faire sa première escapade de l’année parmi eux.

Heather resta un instant à les observer, puis finalement, elle détourna le regard et reprit sa marche. Elle avançait lentement. Elle n’avait pas de but particulier excepté celui de prendre l’air. L’endroit qu’elle avait choisi était pratiquement désert. Pas étonnant, aussi proche de la forêt interdite, ce n’était pas là que s’aventuraient les petits nouveaux, tout autant que certains de leurs aînés d’ailleurs. Elle eut un petit sourire moqueur à cette pensée et continua son chemin. Une brise légère vint soulever ses longues boucles brunes qu’elle rejeta en arrière. C’est alors que son visage se posa sur une jeune fille, assise sous un arbre. Heather remarqua qu’elle l’observait puis finalement elle baissa les yeux sur son cahier et se mit à écrire. Pourquoi avait-elle arrêté de la regarder ? Avait-elle compris à qui elle avait à faire ? Peut être. Mais peut importe, que ce soit le cas ou non, elle l’avait regardé, et ça suffisait à Heather. Elle s’approcha de l’arbre où se trouvait la jeune fille, la main posé sur sa baguette. Elle avait bien droit de se prévoir une petite distraction non ? Intérieurement satisfaite de trouver de quoi s’amuser, elle se rapprocha. Elle n’était plus qu’à quelques pas de la jeune fille et là, une petite pointe de déception la traversa. Une Serpentard ! Loupé pour cette fois. Heather lâcha sa baguette. « Une chance pour toi … » murmura-t-elle pour elle-même. Elle se retourna, prête à repartir, ne voulant pas déranger la jeune fille. Pas déranger ? C’était loin d’être dans ses habitudes. Effectivement, mais là, elle était face à une Serpentard, et Heather avait un minimum de respect pour les gens qui le méritaient.

Heather était en train de s’éloigner. La jeune fille était occupée, il était inutile de l’importuner. Ca aurait été un élève de Gryffondor, Serdaigle ou encore Poufsouffle, la Serpentard ne se serait pas gêné, et elle en aurait bien profité. Personne aux alentours pour venir en aide au pauvre malheureux, elle aurait pu lui faire bien des misères sans qu’aucun professeur ou préfet ne s’en rende compte. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elle aimait bien venir dans ce côté du parc. Il n’y avait jamais beaucoup de monde, et les rares personnes qui s’aventuraient si près de la forêt interdite étaient en général loin d’être des premières et deuxièmes années. Ils étaient bien trop peureux et stupide pour cela. On leur disait que la forêt était dangereuse, alors ils n’y allaient pas. Heureusement qu’ils existaient quelques courageux. Mais de toute façon, le fait qu’ils ne viennent pas ici ne gênait pas la Serpentard le moins du monde. Ils avaient bien trop peu d’expérience en matière de magie pour être des proies intéressantes. Après tout, s’attaquer à quelqu’un sans qu’il n’est aucune chance de se défendre, ce n’était pas très divertissant. Heather observa la cime des arbres un peu plus loin. Elle se rappelait très bien de la première fois où elle avait pénétré dans la forêt interdite. Il faut avouer qu’elle n’en menait pas large, mais au moins, elle n’était pas partie en courant comme elle avait vu certains élèves le faire avant et après elle.

C’était en fin de journée, le soleil était déjà à moitié couché. Elle ne voyait presque rien, mais ça ne l’empêcha pas d’avancer. La jeune fille était seule, il n’y avait personne dans le parc. Pourquoi voulait-elle entrer dans cette forêt ? Simplement parce qu’elle la fascinait. Tous ses arbres, tous ses bruits et tous ses mystères, tout cela donnait envie à la petite fille qu’elle était à l’époque. Fragile, seule, frustrée et pleine de haine envers ses parents, elle avait besoin d’un endroit où se ressourcer, d’un endroit ou retrouver un peu de calme et de sérénité. Et la forêt interdite lui paraissait le lieu idéal. Elle n’avait que onze ans, mais Heather savait déjà ce qu’elle voulait. Elle commença à s’enfoncer parmi les arbres, se frayant un passage au milieu des hautes herbes, ne désirant pas prendre le petit sentier de terre. Pendant de longues minutes, elle erra à travers la forêt et finalement, elle arriva au milieu d’une clairière. Il y avait donc des espaces sans arbres dans cette immensité ? Apparemment oui. La jeune fille s’allongea par terre et resta là, à contempler les étoiles pendant des heures. Elle était bien ici, elle se sentait comme protéger par tous ces chênes et ces sapins qui l’entouraient. Elle finit par s’endormir sur l’herbe, le visage enfoui dans sa cape. Ce furent les premiers rayons du soleil qui la tirèrent du sommeil. Elle serait bien restée ici encore longtemps, mais elle savait qu’elle devait rejoindre sa salle commune. Elle avait donc quitté la clairière, qui depuis, était le lieu où elle venait se réfugier quand elle se sentait mal, très mal.

Au souvenir de sa première escapade dans la forêt, un sentiment de nostalgie envahie Heather. A cette époque, elle était encore insouciante. Quoique, c’était beaucoup dire. Elle était comme aujourd’hui, à une différence près, elle ne se souciait pas de son avenir comme elle le faisait maintenant. Le bien ou le mal ? A l’instant même, elle y pensait encore. Décidemment, ça ne la quittait plus. Ca en devenait une obsession, tout comme ses parents. Les deux choses se bousculaient dans la tête de la Serpentard, elles prenaient énormément de place, presque au point de ne pas en laisser pour le reste. Si ça continuait ainsi, elle finirait par exploser. Tout garder pour elle, ne rien dire à personne, ça en devenait pesant, énormément pesant. Elle se demandait combien de temps encore elle supporterait tout ce poids sur ses épaules. Elle n’avait pas la réponse, mais doutait qu’elle réussisse à ne pas craquer avant la fin de l’année.

La jeune fille s’éloignait petit à petit de la Serpentard assise sous l’arbre, quand cette dernière l’interpella. Ca ne la dérangeait pas ? Soit, mais Heather ne savait pas si elle avait réellement envie de rester avec elle. N’avait-elle pas l’intention de se défouler sur quelqu’un ? Si, pourquoi changer d’avis alors ? Pour rien. Cependant, elle s’arrêta, resta immobile quelques secondes et finit par faire demi-tour pour revenir sur ses pas. La jeune fille se présenta. Meya Ryan. Heather la connaissait un peu. Elles s’étaient parlées quelques fois, et la vert et argent en savait pas mal sur elle. Car si elle n’allait pas beaucoup vers les autres pour discuter, elle avait au contraire, l’habitude d’écouter. Elle avait des oreilles, c’était bien fait pour ça non ? Oui, et Heather s’en servait, de façon idéale. Elle avait le chic pour surprendre les conversations les plus intéressantes et les confidences les plus secrètes. Elle se servait souvent de cela par la suite, du moins ça dépendait de qui il s’agissait. Avec elle, les Serpentard avaient toujours droit à un traitement de faveur. Cependant, certains n’échappaient pas au chantage de la jolie brune. Car si Heather était terrifiante aux yeux des autres maisons de Lashlabask, elle ne l’était pas moins à ceux de certains élèves de sa maison. Il fallait savoir se faire respecter de tous non ? En effet, et la jeune fille avait parfaitement réussi cela au cours des six dernières années.

Quel était son nom ? A elle ? Heather croyait délirer complètement. Une élève de sa propre maison ne savait pas qui elle était ? C’était impensable. Elle fronça légèrement les sourcils. « Heather Berkeley » répondit-elle, le visage impassible, comme à son habitude. Alors comme ça sa réputation n’était pas aussi importante qu’elle pouvait le croire ! Il allait falloir remédier à cela très vite. Cependant, Meya plaisait à la jolie brune, elle avait de la chance. Pourquoi ? C’était une sang-pur non ? Oui, et quelqu’un qui comme elle, est supérieur à une grande partie des sorciers à pour Heather une importance non négligeable. Non pas qu’elle serait prête à l’aider, loin de là, mais elle avait droit à un minimum de respect. La vert et argent ne fit donc aucune remarque. Elle s’assis pas loin de la jeune fille et regarda l’horizon. Meya l’avait rappelé ? Elle voulait parler peut être ? Heather n’était pas contre, il ne fallait cependant pas s’attendre à ce qu’elle lui raconte sa vie. C’était loin d’être le genre de l’adolescente. Elle ne parlait déjà pas beaucoup d’elle avec James, alors avec quelqu’un d’autre, pas la peine d’y compter.

Heather observait l’horizon sans accorder un regard à Meya. La jeune fille avait souvent cette attitude face à quelqu’un qui venait de la blesser dans son orgueil. La jolie brune n’avait jamais songé au fait qu'un élève de sa propre maison, qui plus est, avec seulement une année de moins qu’elle, puisse lui demander son nom. Pour elle, c’était inimaginable. Et pourtant, ça venait d’avoir lieu. La Serpentard avait encore du mal à y croire, cependant, elle ne dit rien. Elle se contenta de regarder le soleil qui commençait à se coucher, dans un mélange de jaune, de rouge et d’orange. Heather adorait observer ce phénomène de la nature, que pendant des années, elle n’avait pas eu le loisir de contempler. En effet, durant son enfance, ses parents l’obligeaient à rester enfermée à l’intérieur de la maison à partir de six heures. Que ce soit les vacances ou non, Heather devait obéir, elle n’avait pas le choix. De toute façon, elle ne l’avait jamais eu. Son avis importait peu à sa famille, et le fait qu’elle est grandit ne changeait rien. Aux yeux de ses parents, elle était toujours un pantin à qui on donnait des ordres et qu’il fallait à tout prix éviter d’abîmer car il était irremplaçable, un modèle unique. La jeune fille savait très bien ce qu’elle était pour eux, mais elle s’en fichait. Dans un peu moins de deux ans, elle serait libre de faire sa vie comme elle l’entendait, elle n’aurait de compte à rendre à personne. On aura beau lui dire quoi faire, elle ne fera que ce dont elle aura réellement envie. Sans arrêt, elle songe à cette majorité qui lui tend les bras mais qui lui paraît de plus en plus loin. Elle n’attend que ça, être enfin libre !

La vert et argent ne quittait pas le ciel des yeux. Heather écoutait les oiseaux qui gazouillaient à quelques pas d’elle. Un bruit à la fois plaisant et insupportable. Il l’empêchait de se concentrer mais la rendait aussi plus calme. Paradoxale ? Très, mais peu étonnant de la part d’Heather. A cet instant, elle était plutôt énervée de l’entendre. D’ailleurs, elle ne savait pas ce qui la retenait de lancer un sort à l’oiseau le plus proche pour faire comprendre aux autres qu’ils feraient mieux de se taire. Elle ne fit pourtant pas un geste, et n’accorda pas un regard à Meya lorsque cette dernière ferma son cahier et rangea ses affaires dans son sac. Silencieuse, Heather observait toujours l’horizon. A sa façon de le regarder, on pouvait croire qu’elle s’attendait à ce que quelque chose en surgisse. Et pourtant, elle était juste captivée par la beauté du couché de soleil auquel elle assistait. Elle ne s’était pas rendue compte qu’il était aussi tard. Enfin, il n’était pas si tard que ça, simplement, l’hiver arrivait, donc les jours raccourcissaient. L’hiver. Heather adorait cette saison. Pourquoi ? Simplement parce qu’elle était loin de ses parents et qu’elle était sûre de ne pas les voir. De plus, les journées étaient plus courtes, donc les soucis moins long à porter. Encore une fois, les goûts d’Heather se faisait en fonction de sa famille et de tous les problèmes qu’elle lui apportait. Allait-elle un jour la laisser tranquille ?

Beau coucher de soleil ? Oui, très beau même. Heather confirma d’un léger signe de tête les dires de Meya mais n’ajouta rien d’autre. A quoi bon lui dire que oui, il était magnifique ? C’était parler pour ne rien dire. Alors elle garda le silence. De toute façon, elle n’avait pas vraiment envie de discuter. C’est alors que la jeune fille enchaîna, disant qu’elle avait entendu dire qu’elle voulait intégrer l’équipe. Heather ne dit rien, mais intérieurement, elle bouillonnait. Pourquoi James lui en avait-il parlé ? Il n’aurait pas dû. Elle lui en voulait, beaucoup même. Désormais c’était fichu, elle ne pourrait plus reculer. Mais elle savait cependant que ce n’était pas de sa faute à lui. C’était la sienne. Elle aurait dû lui expliquer qu’elle ne pouvait pas rejoindre l’équipe, qu’elle ne devait pas faire ce plaisir à son père. Mais elle n’avait pas pu. Comme tout le monde, James devait penser qu’elle ne faisait jamais d’erreur, ou du moins, que celles qu’elle faisait n’en étaient pas à ses yeux. Elle lui avait donc laissé croire qu’elle avait envie d’intégrer l’équipe de Quidditch de Serpentard. Ce n’était pas faux, elle rêvait de ça depuis sa seconde année à Lashlabask, mais elle s’était toujours refusée ce plaisir. Elle ne voulait pas rendre son père fier d’elle, elle ne devait pas. Il se servait déjà bien trop d'elle comme ça, il était idiot qu'elle lui donne l'occasion de le faire encore plus.

Elle se tourna vers Meya, le visage impassible. Il lui était impossible de deviner à quel point Heather s’en voulait d’avoir accepté d’intégrer l’équipe. Mais elle ne pouvait plus reculer maintenant. Pour qui la prendrait-on si finalement, elle disait à Meya qu’elle avait changé d’avis ? La Serpentard n’avait aucune envie de voir s’effondrer la réputation qu’elle avait auprès des autres vert et argent. Elle ferait une très bonne attrapeuse ? De ce côté-là c’était évident, la question ne se posait même pas. Mais là n’était pas le problème. D’après les dires de Meya, dès maintenant, elle faisait parti de l’équipe. Son cœur battait très fort dans sa poitrine, un mélange de bonheur et d’angoisse. Que dirait-elle à son père ? Comment réagirait-il en apprenant que sa fille s’était enfin décidée à intégrer l’équipe ? Elle le savait, mais elle préférait ne pas y penser. Heather regarda Meya et inclina légèrement la tête. « Merci ! » dit-elle sans sourire. La jolie brune n'était pas des plus amicale ce jour là, comme d'habitude d'ailleurs, cependant, elle était en présence d'une Serpentard, alors autant ne pas passer pour une fille complètement insociable. C'est pourquoi elle ajouta « Je sens que cette année, les Gryffondor n'ont pas la moindre chance. »

Heather voyait déjà son père vanter avec passion les qualités de sa fille au Quidditch auprès de ses amis. Enfin … amis était un bien grand mot. En réalité, la famille Berkeley n’avait que de simples relations, parfois plus importante les unes que les autres, mais jamais très proches. Souvent, Heather se demandait comment s’étaient déroulées les études de ses parents. Adultes, ils n’avaient pas d’amis, de vrais, alors adolescents, qu’est-ce que cela devait être ? Une fois, pour calmer sa curiosité, la jeune fille avait pénétré dans le bureau de son père à la recherche de sa pensine. Elle prenait un gros risque car depuis toujours, cette pièce lui était formellement interdite. Chanceuse comme elle l’était, quelques minutes après son arrivée, son père entra à son tour en compagnie d’un autre homme. Heather s’était précipité dans un placard. Elle respirait à peine tellement elle craignait de se faire surprendre. Elle savait ce qui l’attendait si son père la trouvait là, et elle n’en avait aucune envie. L’entretien dura un peu plus d’une demi-heure, un temps qui paru énorme à la vert et argent. Quand son père quitta enfin le bureau, la jeune fille pu sortir de sa cachette. Elle était tellement préoccupée à l’idée de ne pas se faire prendre qu’elle n’en avait pas remarqué la présence de la pensine dans le placard même où elle s’était réfugiée. Mais elle ne chercha même plus à la trouver, elle n’avait plus qu’une idée en tête, quitter la pièce et se mettre en lieu sûr, sa chambre.

Cet épisode avait eu lieu il y a environ deux ans. Lorsqu’elle y songe aujourd’hui, Heather ne se fait qu’un seul reproche : ne pas avoir cherché à écouter la conversation de son père. Elle réalise maintenant que si elle avait été un peu plus maligne, elle aurait appris des choses intéressantes dont elle pourrait peut être se servir. Mais d’un côté, elle ne pouvait pas réellement s’en vouloir. Elle se revoyait encore coincé entre deux étagère, recouverte d’une couverture, la respiration lente et le cœur battant dans sa poitrine à une allure inimaginable … Même avec la meilleure volonté du monde, elle n’aurait pas pu se concentrer plus de trois minutes pour entendre ce qui se passait dans le bureau. L’idée de se faire prendre la terrorisait tellement qu’elle ne pouvait pas faire un geste. Etre terrorisé ? Qui à Lashlabask pourrait être capable d’imaginer rien qu’une seule seconde qu’Heather est peur de quelque chose ? Personne. Elle savait qu’aucun élève n’était au courant, elle était seule à savoir à quel point elle avait peur de son père, à quel point il était inquiétant. La Serpentard ne savait pas encore quel clan il avait choisi, peut être ne le serait-elle jamais, mais une chose était sûre, elle recommandait à quiconque de ne pas se retrouver contre lui. Même si de son côté, elle savait déjà qu’elle ne suivrait pas ses parents dans leur choix, quoiqu’il arrive, elle ne leur ferait pas ce plaisir …

Heather poussa un soupir inaudible. Elle venait de s’embarquer dans une histoire compliquée avec ce nouveau poste d’attrapeuse. Parfois, elle se demandait comment elle faisait pour toujours se retrouver dans des situations embarrassantes avec ses parents. Quand c’était avec d’autres élèves, elle s’en sortait toujours très bien alors que ses victimes étaient plutôt mal en point, mais quand elle était face à sa famille, notamment son père, c’est à peine si elle pouvait le regarder dans les yeux. Manque de courage ? Plus ou moins. Mais quelqu’un qui n’a pas vécu à la place d’Heather ne peut pas comprendre. C’est exactement comme une personne qui apprend avoir un cancer, tant que ça ne vous est pas arrivé, vous ne pouvez pas comprendre. Là, n’ayant pas eu l’enfance de la jolie brune, il est impossible de concevoir sa façon de réagir. Mais sûrement qu’à sa place, vous ne feriez pas mieux. Elle avait déjà gagné une victoire contre ses parents. Son médaillon. Elle passa sa main sur la son cou. La vert et argent avait l’habitude de le sentir, froid et brillant contre sa peau nue, mais là, il n’y avait rien. Elle sourit à cette pensée. Elle était plus que fière d’avoir réussi à s’en débarrasser, même si elle avait dû en payer le prix. Elle revoyait encore le visage de son père, déformé par la colère, la frappant avec force. Elle n’avait pas versé une larme, pas poussé un cri. Elle s’était contentée de subir et elle savait qu’elle n’oublierait jamais. C’était à la fois gravé dans sa mémoire, mais aussi dans sa peau.

Elle laissa sa main retomber et observa Meya, qui depuis plusieurs minutes déjà lui avait répondu. Mais Heather était ailleurs. Elle sortit cependant de sa rêverie, essayant de se rappeler les paroles de la jeune fille. Elle resta dans ses pensées encore quelques minutes, reconstituant dans sa tête ce que venait de dire Meya. Une fois que ce fut fait, elle analysa ses paroles puis répondit « Evidemment que je pense ça, comment veux-tu qu’on se fasse battre par des incapables ? Certains ne sont même pas fichus de tenir sur un balai au bout de leur troisième année ! » Un petit sourire mauvais se dessina au coin de ses lèvres et elle ajouta amusée « D’ailleurs, lancer un sortilège à un joueur adverse pendant le prochain match serait plus que tentant … »

Heather approuva d'un signe de tête suite aux paroles de la jeune fille. Elle était d'accord avec elle, il était stupide de risquer sa place dans l'équipe en jetant un sort à un adversaire, surtout qu'en plus, les Serpentards étaient presque certains de remporter la coupe. Heather voyait mal les rouges et or gagner contre eux, surtout avec Weel comme capitaine, les Poufsouffles, il était inutile de compter sur leur victoire avec McCoyle, quand aux Serdaigle, Heather ne savait pas même qui les dirigeaient cette année. Autant dire que la Serpentard était pratiquemment certaine que pour sa sixième année, la coupe de Quidditch reviendrait aux vert et argent, tout comme la coupe des quatre maisons d'ailleurs. Alors tant qu'à faire, autant respecter les règles et ne pas risquer de mettre l'équipe en danger. Si ils entrait sur le terrain avec un joueur débutant trouvé à la dernière minute pour en remplacer un autre, ils partaient avec un handicap, et c'était hors de question. Heather ne serait-elle pas si confiante que ça ? Peut être bien ... en réalité, rien n'était gagné et elle le savait, même si elle se persuadait du contraire.

Mais finalement, ce qui l'inquiétait, c'était plutôt que pour la première fois, elle était dans l'équipe. Les années précédentes, elle se contentait de suivre le match assise sur les gradins avec envie. Mais maintenant, ce serait différent. D'ailleurs, la jeune fille se demandait encore si elle avait bien fait d'accepter l'offre de Meya. Rien qu'en pensant à la tête de son père lorsqu'il apprendrait la nouvelle, elle avait envie de vomir. Mais la Serpentard ne laissa rien voir de son malaise. Son visage avait toujours la même expression impassible et elle ne dit mot. Elle observa à nouveau l'horizon et au bout d'un long moment de silence durant lequel ni elle, ni Meya n'ouvrit la bouche, elle finit par dire à la jeune fille « Je crois que je vais retourner au château ... »

La vert et argent n'avait pas dit cela parce que la présence de Meya la dérangeait - car même si Heather ne parle pas beaucoup, elle n'est jamais contre la compagnie d'élèves qui méritent la sienne - mais elle craignait cependant de voir sa camarade le prendre ainsi. Après tout, depuis qu'elle l'avait rejoint, Heather n'avait pratiquement pas fait preuve de sympathie à l'égard de la jeune fille, excepté quelques sourires en parlant de Quidditch. Il était donc possible qu'elle voit les choses ainsi, mais après tout, la vert et argent se demandait bien pourquoi ça l'intéressait. Tous les élèves de sa maison la connaissaient, et ils savaient qu'elle n'était pas bien bavarde et qu'il était extrêmement rare qu'elle exprime autre chose que de l'indifférence. Alors pourquoi Meya prendrait-elle la chose pour elle ? Heather secoua la tête de façon imperceptible. Décidément elle se posait des questions bien stupides ! Sûrement l'angoisse d'annoncer à son père que désormais, elle faisait parti de l'équipe de Quidditch de Serpentard.

En réalité, si elle voulait rejoindre le château maintenant, c'était histoire de regagner la grande salle pour manger un morceau avant qu'il n'y est trop de monde. Heather détestait l'agitation et le brouhaha qui régnait constamment dans la pièce lors des repas la rendait dingue. Il fallait donc qu'elle se dépêche si elle voulait pouvoir grignoter quelque chose avant que le lieu ne soit envahi par une horde d'élèves insupportables. Heather se redressa et rajusta son sac sur son épaule. Elle lança un rapide regard à Meya, et finit par esquisser un petit sourire. « A plus tard ... » dit-elle doucement. Puis la Serpentard s'éloigna en direction du château, hâtant le pas au fur et à mesure qu'elle avançait.